Du mardi 15 au jeudi 24 juin 2021 : Péloponnèse, le Golfe Lakonikos

Le Péloponnèse c’est cette très grande presqu’île essentiellement montagneuse, rattachée à la Grèce continentale par l’isthme de Corinthe. Très longtemps pour aller d’Athènes jusqu’aux îles Ioniennes (Corfou, Céphalonie, Ithaque, Zakintos...) par la mer, il a fallu en faire le tour.
Aujourd’hui on peut habituellement couper au plus court en empruntant le canal de Corinthe...sauf cette année où le canal est fermé pour travaux.
Alors le Péloponnèse pèse à nouveau de tout son poids dans la navigation de plaisance.

Un bateau qui pousse à la rêverie, entre Cythère, dont on voit le phare et Elafonissos

DSCN0623.JPG, juin 2021

Le Péloponnèse ressemble à une grosse main à trois doigts, trois péninsules montagneuses.
Cette année nous avons visité le Golfe Lakonikos, entre la péninsule centrale et la péninsule orientale, entre le Cap Tainaron au centre et le Cap Maléas à l’Est.

Jusqu’alors, au cours de notre voyage, nous n’avions rencontré que peu de monde et peu de bateaux, c’est pourquoi nous avons été surpris du nombre de bateaux au mouillage à Elafonissos...mais, à la réflexion, c’est une bonne escale quand on veut faire le tour du Péloponnèse. Cette année on doit pouvoir estimer que le nombre de bateaux empruntant cette route, qu’elle soit d’Ouest en Est ou l’inverse, est multiplié par 3 ou 4 entre ceux qui, d’ordinaire, auraient emprunté le canal et ceux qui auraient aimé faire le trajet l’an dernier...
Notre hypothèse va se vérifier : dès que nous nous enfonçons dans le Nord du golfe, le nombre de bateaux diminue, nous sommes souvent seuls au mouillage, en revanche dans le beau mouillage abrité près du cap Tainaron, plein de bateaux arrivent le soir et lèvent l’ancre de bon matin...ils font escale, ils font le tour !

Mardi 15, en début d’après-midi nous quittons Elafonissos pour quelque part vers le Nord du golfe Lakonikos.
Je suis fatiguée et le capitaine m’envoie d’autorité m’allonger ! Nous naviguons gentiment à la voile, tout dessus, quand je l’entends les rouler toutes, les unes après les autres. Je viens voir ce qui se passe : un grain se prépare. Le ciel est tout noir, le vent se lève 20-25 nœuds, la visibilité diminue, il se met à pleuvoir à seaux!
Mouillage sous la pluie dans Ormos Xilis près du petit port de Plitra. Le vent est presque tombé, il n’y a pas de vagues, soirée un peu fraîche . On est très bien !
Le lendemain matin le plein soleil est revenu !
Nous avons toujours besoin de faire un avitaillement !
Direction Yithion (ou Githion). C’est le grand port tout au fond du golfe Lakonikos. Il est bordé au Sud par une petite presqu’île : un mélange de charme et de laisser-aller !
Nous nous amarrons Ă  quai, devant un autre voilier, contre des amortisseurs faits pour des bateaux autrement plus gros, grands et lourds que le notre ! Mais personne ne vient nous faire de remarque, le quai est Ă  tout le monde !
Nous partons faire notre avitaillement !
Nous trouvons une bonne boulangerie et une épicerie qui fait l’affaire ! Le patron nous aide à commander du gazoil ! Toujours cette gentillesse grecque que nous apprécions tant !
Lorsque nous revenons à bord, nous assistons à l’arrivée de Bingo, le voilier sur lequel nous avions pris l’apéritif en Crête !
Un monsieur, lui indique où se mettre et nous aidons à l’amarrage. L’homme nous incite à aller nous signaler aux autorités portuaires. Est-ce un employé du port ? Non, il s’occupe apparemment de ça «bénévolement», pour la pièce !
Nous qui nous nous sommes fait une règle de ne jamais déranger les autorités, prenons nos papiers et allons les voir. Comme le livreur de carburant va leur téléphoner, il est sans doute préférable que les autorités soient informées de la présence de Doug Le dans le port ...

Scène étrange !
A peine entrés, nous avons été repoussés sur le trottoir bien que dûment masqués. L’entretien s’y est poursuivi.
La première question a été : «Qui vous a envoyé ?»
Ensuite, ils se sont mis à trois pour éplucher nos documents ligne à ligne et, n’ayant rien trouvé d’anormal, ils ont commencé à nous chercher des poux dans la tête avec notre liste d’équipage (toujours avoir sa «Crew list» à jour, au cas où !) jusqu’à ce qu’un galonné sorte, charmant, et nous dise que tout est OK. Nous aurions dû quand même passer par la case mairie pour payer une petite taxe mais nous n’avions aucun reçu, aucun tampon...
Nous savions bien pourtant qu’il ne fallait pas les déranger !

L’intermède s’est bien terminé ! Ouf !

Du coup nous rentrons au bateau, invitons l’équipage de Bingo à l’apéro pour le soir et nous apprêtons à visiter la ville après la livraison du gazoil !

Finalement rien ne s’est passé comme prévu ! Bingo est parti...et nous aussi après avoir fait un complément de courses !

A 20h nous mouillons au fond de la baie de Skoutari, à la hauteur de la très belle église Byzantine du XIIIème siècle qui est bâtie sur la plage.

DSCN0643.JPG, juin 2021

Au fur et à mesure que nous nous enfonçons vers le fond de la baie, bordée de hautes montagnes, le vent se renforce ! Effet catabatique, le soir la montagne se purge ! C’est l’image qui me vient ! Par temps calme, elle nous gratifie de ses 15-20 nœuds du soir, et si le vent souffle déjà, et bien il va monter par rafales extrêmement brusques ! Il faut dire qu’en Grèce, compte tenu du relief, de la géographie et des températures, en matière de météo, vous avez droit à tous les effets possibles, catabatique (c’est la montagne !) venturi (ce sont les effets couloirs entre les îles, dans les chenaux...) et thermiques bien sûr ! Parfois ils s’annulent, le plus souvent ils se conjuguent !

Nous allons rester à Skoutari jusqu’au samedi 19. Nous avons trouvé dans la petite crique à l’entrée de la baie que notre guide appelle «Storm Cove» le mouillage qui nous convient pour vivre, en sauvages, de pêche, de baignade et de lecture !

Baignade à Storm Cove devant ses rochers organisés en tranches rouges et blanches

DSCN0631.JPG, juin 2021

Le village de Skoutari depuis la sortie de Storm Cove

DSCN0641.JPG, juin 2021

Nous commençons à découvrir les beaux villages et l’architecture particulière du Magne !

Le Magne ou Mani, c’est la Péninsule centrale du Péloponnèse. Elle a une histoire singulière, un passé de piraterie active, qui a eu pour conséquence la mise en place d’une civilisation clanique et la construction de villages fortifiés très nombreux ! Chaque bâtisse était flanquée d’une tour !
Les Maniotes (habitants du Magne) étaient très jaloux de leur autonomie et les clans devaient probablement s’unir pour repousser les envahisseurs successifs, vénitiens ou turcs mais en l’absence d’ennemis communs les luttes et les vendetta entre clans étaient terribles (ça nous a fait penser à l’Albanie, mais nous ne sommes pas certains qu’il y ait mieux ou plus qu’une vague ressemblance).

Nous retrouvons ces tours en pierres à Kotronas puis tout le long du Magne jusqu’à Porto Kayo. Aujourd’hui encore, les constructions neuves (hôtels, résidences de vacances) se font dans le style ancien, murs en pierres, tours carrées et toits de tuiles. Belle signature architecturale du Magne !

Le port de Kotronas

DSCN0651.JPG, juin 2021

Tous les5, peut-être 10 kilomètres, un village fortifié au flanc de la montagne

DSCN0662.JPG, juin 2021

un autre

DSCN0671.JPG, juin 2021

le suivant au téléobjectif

DSCN0673.JPG, juin 2021

Porto Kayo, une belle anse, bien sûr entourée de hautes montagnes, tout au Sud de la péninsule où nous restons deux jours. Jean-Claude y chasse le denti sans succès mais ramène quand même une carangue et une sériole !

L'anse de Porto Kayo

DSCN0681.JPG, juin 2021

Les deux poissons de Porto Kayo

La carangue

20210619_091032.jpg, juin 2021

La sériole

DSCN0682.JPG, juin 2021

Le mardi 22 juin la météo nous annonce de très fortes rafales à Porto Kayo. Alors, malgré la beauté du site, nous levons l’ancre et traversons le golfe vers le secteur plus tranquille d’Elafonissos où nous mouillons dans la baie Levki sur la côte Est de l’île.

Le lendemain nous allons faire un tour au village d’Elafonissos pour faire quelques courses et revenons passer la nuit dans l’environnement de dunes de Frangos.

Jeudi 24, après la chasse et la baignade, le capitaine décide de lever l’ancre et de passer le Cap Maléas, destination Monemvasia.

Retour en territoire connu, en Argolide, la remontée vers Athènes est entamée !