SAISON 2019

Épisode 9



Après la pause occitane, retour mouvementé sur Doug Le

Difficile de se remettre en écriture !

Déjà mi-juillet je m’interrogeais sur l’opportunité de continuer à tenir le blog. La Grèce est très connue, beaucoup d’informations se trouvent ailleurs, sur des sites et des forums structurés comme des bases de données. Mon journal de voyage au jour le jour n’intéresse que peu de monde, d’autant qu’au bout de cinq ans, nos découvertes se font plus rares. Nous revenons dans les endroits que nous avons aimés, mais... la blogueuse est moins émerveillée et le photographe plus du tout inspiré !

Il fallait que je trouve une inspiration d’une autre veine, moins descriptive, plus impressionniste, un autre souffle...ou que je renonce.

Écrire : pour pouvoir partager, je dois me faire plaisir !

Et puis, patatras, notre retour sur Doug Le, au 15 août, a été tellement mouvementé qu’il faut que je vous raconte !

Du jeudi 15 au jeudi 29 août 2019 : Comment je suis devenue chef de bord !

Le jeudi 15 août, à 8h30, nous quittons la maison avec ma sœur Christine : direction l’aéroport via le métro et le tramway. Nous sommes très en avance, a priori tranquilles !

Le trajet semble se passer normalement sauf que, à peine arrivés dans l’aérogare, Jean-Claude s’aperçoit qu’il n’a plus son petit sac à dos ! Il se précipite vers le tramway : peut-être l’a-t-il juste oublié là, il y a quelques minutes à peine ?
Las, le sac a bel et bien disparu ! Et ce sac contenait tout ! Le passeport, le portefeuille avec les autres documents (carte d’identité, carte de crédit, carte vitale, permis de conduire, argent liquide), le smartphone, l’appareil photo, la tablette, la liseuse et quelques clés USB pour faire bonne mesure, plus le trousseau de clés (voiture et maison) ! Tout quoi !
Étrangement, c’est la première fois que Jean-Claude met tous ses œufs dans le même panier. D’habitude c’est moi qui me charge de nos deux passeports et de nos cartes d’embarquement. Évidemment, dans ce cas-là, nous aurions été embêtés, mais je n’aurais quand même pas eu grand chose à écrire, car Jean-Claude aurait pu prendre l’avion avec nous.

Mais là !

Rapidement nous décidons de nous envoler pour Athènes, Christine et moi. Jean-Claude ne peut faire autrement que rester à Toulouse. A ce stade le stress, le désespoir maximal : c’est pour lui !

Nous arrivons, sans encombre à Athènes, Christine et moi. Nous retrouvons le bateau à Zéa Marina et nous y installons. Première soirée décontractée de vacancières contentes de déguster une bière fraîche à l’un des bars de la marina. Je n’ai pas encore réalisé le poids de la responsabilité qui va m’incomber !

D’ailleurs, personne, ni mon équipière à bord, ni mon capitaine à Toulouse, ni mes parents, ni mon fils, je dis bien personne ne doute de mes capacités à prendre en main le bateau, en solitaire, et ne semble s’inquiéter pour moi. Seule notre fille, elle-même chef de bord expérimentée, me confirme que c’est stressant au début et me rassure en certifiant qu’au bout du compte c’est facile !

Je suis flattée de toute cette confiance unanime dans mes compétences, je sais bien que j’ai 40 ans de navigation à mon actif, donc, ils ont tous raison ! Mais...je n’ai jamais dû assumer seule toute la responsabilité de la marche du navire. Et du coup, c’est mon corps qui réagit. Je dors très peu, très mal et me lève avec migraine et nausée ! Je décide de rester un jour de plus à Zéa, histoire de me remettre et d’avoir le temps de commander du gazole et de partir avec tous les pleins : carburant, vivres et eau.

Au fil de la journée du 16, je retrouve un peu d’énergie mais la deuxième nuit ressemble à la première !

En fait, je sais ce qui m’angoisse : c’est réussir la manœuvre de sortie du quai. En effet, nous sommes amarrés par l’avant entre deux bateaux beaucoup plus longs que nous et je ne suis pas assurée de réussir ma marche arrière à la perfection.

Je décide de réclamer l’assistance de la marina au moment du départ. De toute façon il faut que je nous sorte de là !

Et voilà, dès que nos pleins sont terminés (j’ai même réussi à faire tamponner «mon» DEKPA chez les gardes-côtes) j’appelle les assistants de la marina qui me tirent par l’arrière sans souci ! Dès que je suis dans le chenal, je prends la barre et c’est parti ! A partir de là, je sais que je sais faire ! Ouf ! Nous sommes prêtes pour des vacances entre sœurs !

Il est 11h, nous sommes le 17 août, cap au Sud vers Poros, le vent nous pousse, je peux mettre les voiles ! Il faut dire que le Sharki est prévu pour être skippé en solitaire : il est lourd, stable, son gréement de ketch rend les manœuvres de voile très faciles...

Mais que se passe-t-il à Toulouse du côté du capitaine titulaire ?

En fait, le jour même de la disparition du sac, à part l’opposition sur la carte de crédit, il ne peut rien faire ! C’est le 15 août, un jeudi ! Il réalise aussi à ce moment-là que c’est un long week-end ! Toutes les administrations sont fermées jusqu’à lundi, la préfecture, les mairies, y compris les objets trouvés (pour des nouvelles éventuelles du sac volé, il faut attendre lundi!)... sauf le commissariat où il peut aller porter plainte dès le lendemain.

On apprend aussi à ce moment-là qu’une fois le dépôt de plainte enregistré pour perte ou vol de papiers, leur non-validité devient irrémédiable et définitive. Tous les systèmes informatiques de contrôle de police sont informés que ces papiers-là sont des papiers volés !

A ce stade il a bien sûr commencé à se renseigner : obtenir des papiers en urgence risque d’être très difficile ! Il y a bien une procédure d’urgence via internet auprès de la préfecture...elle est tentée et rejetée. Tout le monde s’accorde à dire que ces demandes-là n’aboutissent jamais !

Obtenir un rendez-vous dans une mairie : pas avant mi-septembre ! Désespoir !

Jusqu’au jeudi 22 août, il fait donc toutes les démarches possibles, assurance, changement de serrures, changement de carte de crédit et s’occupe des figues et des pêches du jardin (il aura utilisé tout notre stock de pots de confiture vides). La maman de Jean-Claude est la seule à se réjouir de notre déconvenue puisqu’elle bénéficie de la présence de son fils à Toulouse !

Pendant ce temps- là en Saronique, les filles passent du bon temps !

Nous sommes donc arrivées dans la baie de Poros le 17 en milieu d’après-midi où j’ai testé mon premier mouillage. Là encore, le Sharki est idéal. Il suffit de prendre son temps :

  • - 1/ aller à l’avant pour préparer l’ancre prête à basculer
  • - 2/ revenir à la barre choisir son point de mouillage et faire filer la chaîne : on a tout sous la main, barre, moteur et commande du guindeau !
  • - 3/ revenir devant pour ajuster la longueur de chaîne et fixer la main de fer
  • - 4/ dernière étape, effectuer une marche arrière gentille pour bien planter l’ancre.


Nous sommes restées là au fond de la baie de Poros, dans les criques immédiatement à droite de l’entrée principale jusqu’au lundi 19 au matin.

Ma passagère est adorable, elle profite de tout et apprécie le programme très tranquille que je lui propose.
Baignade, observation des orphies, d’une tortue, des étoiles.
Et puis c’est pour nous une occasion unique de passer du temps entre sœurs, juste toutes les deux !

Le lundi matin nous nous déplaçons jusqu’au village de Poros. A toutes les deux, nous arrivons à mettre l’annexe à l’eau et à gréer son moteur. Je décompose les étapes et j’essaie de donner les consignes les plus simples et les plus claires possibles. Christine, apprentie modèle, les exécute à la lettre. Du coup, nous nous en sortons très bien !
L’annexe motorisée, ça a l’air bête, mais c’est indispensable pour nous rendre facilement à terre, notamment au village de Poros, pour y faire les courses et profiter des tavernes mais aussi pour retenir les tickets (navette rapide et taxi) pour le retour de Christine mardi 27 août. Je ne veux pas avoir d’angoisse de ce côté-là !

A ce moment-là (lundi 19 août), nous pensons que Jean-Claude n’a aucune chance de me rejoindre dans un délai raisonnable et je m’apprête à mettre le bateau à terre et à l’hiverner toute seule, comme une grande.
Un nouveau chantier s’est ouvert à Poros, il s’appelle Kalypso. Je prends contact par téléphone, c’est là que j’irai juste après le départ de ma sœur. Nouveau stress en perspective, mais on verra bien le moment venu !

Nos amis s’inquiètent pour moi : Yves est prêt à prendre un avion pour m’aider à la manœuvre. Denis de Kairos qui sera à Halkoutsi, notre chantier d’origine, autour du 2 septembre me propose aussi de monter à bord pour la mise à terre si je décide de revenir jusqu’à Evoiko ! Tous ces soutiens, toutes ces manifestations d’amitié me vont droit au cœur !

Donc, du lundi 19 au mardi 27 août, les filles se prélassent sur le bateau !

Nous poussons jusqu’à Ermioni et retour ! J’ai décidé de ne pas faire de navigation de plus de 3-4 heures !

Tout se passe bien, la navigation, les mouillages, les papotages et les discussions sérieuses, tout ! Nous mettons le champagne au frais pour boire à la santé de mon fils Yann et sa compagne Monique qui viennent de nous annoncer leur prochain mariage et puis pour fêter les un an de Sahel et Isaiah, les petits-fils de ma sœur, donc mes petits neveux, des jumeaux ! Ils sont nés le 23 août 2018 !

Le 23 août, justement, Jean-Claude m'informe de la possibilité d’obtenir rapidement un passeport ! Quel soulagement ! Je passe immédiatement en mode vacances !
Sur les indications d’une amie il s’est rendu dans une mairie qui vous accueille sans rendez-vous et traite vos demandes urgentes avec une efficacité remarquable !
Pris en charge le vendredi matin, Jean-Claude s’est vu confirmer la fabrication de son passeport dès le vendredi après-midi. Ensuite, il lui a fallu attendre le retour du document.

A Poros, le 27 août au matin, lorsque j’emmène Christine à la navette de 8h, je ne sais toujours pas quand Jean-claude va revenir, mais je suis certaine de son retour...il me suffit d’attendre !

Malgré un petit retard de la navette, Christine prend son avion pour Toulouse sans problème.

Je suis très contente de notre petite virée à deux ! Elle aussi je crois !

Finalement je vais attendre deux jours de plus à Poros !
Le mercredi 28 avec du vent 5-6 Beaufort et le jeudi 29 août.

A 20h45 je retrouve mon capitaine qui débarque de la navette rapide et je lui rends, sans aucun regret, toute les prérogatives du commandement !
Je suis si heureuse qu’il soit là !

J’accepte les compliments lorsqu’il constate que j’ai réussi un mouillage parfait mais je continuerai à faire l’équipière d’avant pour tous nos mouillages futurs !

Du vendredi 30 août au lundi 9 septembre 2019

Nous nous octroyons une semaine très tranquille entre Poros, Ermioni, Porto Khéli, Korakonisia, Astros et Tolo.
Au programme, poissons frais, coquillages, lectures et repos !
La séquence nous a un peu ébranlés ! Des émotions pareilles, à nos âges !
Et la météo (ça souffle encore fort dans les Cyclades où certains de nos amis sont toujours coincés !) ne nous incite pas à faire de grandes navigations !

Nous allons donc faire des «ronds» dans le secteur, profiter de la mer et du soleil pendant quelques jours encore avant d’envisager la remontée vers Halkoutsi pour la mise à terre et l’hivernage de Doug Le.

Nous avons pris nos billets de retour pour le 1er octobre.

Cette fin de saison 2019 aura été spéciale !