Épisode 3 : du vendredi 4 au mercredi 9 septembre 2020, Palaio Trikeri-Skopelos-Palaio Trikeri, un aller-retour

Vendredi 4 septembre 2020

Il n’est pas encore 6 heures et demi que nous sommes levés, le vent aussi mais il ne se fait pas violemment ressentir à l’abri de l’îlot Palaio Trikeri.
Nous avalons rapidement notre petit-déjeuner et préparons le bateau : remonter le moteur de l’annexe sur sa chaise, l’annexe sur le pont, gréer la trinquette, tout amarrer !
Il faut ensuite que je me mette à l’eau pour aller larguer les amarres accrochées dans les arbres !
A 7h40 nous sommes parés, nous sommes partis ! Direction Skopelos où nous devrions retrouver nos amis de Kairos dans le port de Nea Klima.

Très vite nous prenons une première bonite, nous sommes encore entre l’îlot et la péninsule Trikéri.

Nous avançons vite sous trinquette et grand-voile arrisée, 25 nœuds par le travers, Doug Le est très à l’aise !

Dans le chenal Trikeri entre la rive Sud du Pélion et la côte Nord de l’île d’Eubée, la mer est plate et le vent du Nord ne franchit pas la falaise...attention à l’arrivée dans le canal de Skiathos, où le vent va débouler de Thessalonique !

En passant devant le petit port de Platania nous prenons notre deuxième bonite, le repas du soir est assuré !

A l’entrée dans le chenal de Skiathos le vent est effectivement plus fort, mais jusqu’au rocher Levtheris, il reste très maniable, 25 nœuds, 30 dans les rafales ! Lorsqu’on se rapproche de Skiathos, du cap Poundra , et que le vent passe à 30-35, avec rafales à 40 et des vagues plus sèches, la navigation devient désagréable !
Heureusement il n’y a pas très long à courir avant d’être à l’abri des vagues, sous Skiathos.

C’est au moment où l’on décide de se rapprocher de la côte afin d’y faire une petite pause déjeuner que notre trinquette décide de faire des siennes.
Elle refuse de s’enrouler !
En fait la contre-écoute s’est retrouvée bloquée par une petite drisse de pavillon toute fine qui s’est rompue à ce moment là puis est venue faire une pelote serrée autour des haubans bâbord...
Il a fallu affaler la trinquette moderne... à l’ancienne...En effet, elle est prévue pour s’enrouler sur son emmagasineur et pas pour tomber sur le pont quand on lâche la drisse.

Le capitaine vient de tester la capacité de l’équipage à affronter les éléments !

Après cet intermède nous sommes heureux de souffler dans la grande baie de Platania, côte Sud de Skiathos. C’est tout de suite profond, il faut mouiller très long ! Ça ira pour casser la croûte !

Après le déjeuner et une petite sieste, nous levons l’ancre direction Nea Klima sur la côte ouest de Skopelos.
Denis et Catherine, nous y accueillent et nous donnent un coup de main pour l’amarrage.

Quel bonheur de retrouver nos amis ! Nous n’étions pas du tout certains de nous croiser cette saison !

Nous partageons les deux bonites et le charme tranquille de ce petit port sans prétention.

Nea Klima

Samedi 5 septembre 2020

Le vent reprend, la mer est agitée devant la jetée ; les équipages de Kairos et Doug Le vont rester à quai encore une journée.
Rien ne nous presse, rien ne nous bouscule...prendre le temps, de faire les courses, un peu d’entretien moteur, de profiter de la plage et de sa douche et de passer une deuxième soirée avec nos amis !

On pourrait friser la perfection...mais nous sommes samedi et le samedi soir les humains font la fête... du coup, certains établissements mettent la musique très très fort, jusqu’au petit matin ! Nous n’avons pas bien ni beaucoup dormi !

Dimanche 6, lundi 7 et mardi 8 septembre

Dimanche matin, tout est calme à Nea Klima. La musique s’est arrêtée, le vent aussi !

Une analyse des prévisions météo nous fait choisir de revenir, en mode vacanciers, du côté du Golfe de Volos.

Nous avions, un temps, envisagé d’aller jusqu’à Limnos, cette île que nous aimons tant, mais le vent est défavorable sur le trajet pendant plus d’une semaine...nous y reviendrons une autre année !

Kairos largue ses amarres quelques minutes avant nous. Grands signes, Ă  bientĂ´t !

Partis de Nea Klima au moteur, peu après 9h, nous avons très vite navigué à la voile jusqu’à la grande baie de Chondri Ammos, rive Sud du Pélion à l’Est d’une grande carrière de marbre.
Nous y avions déjà jeté l’ancre au printemps 2015.
A l'Est de la grande carrière, Chondri Ammos

A quelques mètres du bateau, par 7-8 mètres de fond, des restes de tessons et d’amphores...un bateau marchand a dû couler là...quand ?

Nous y resterons jusqu’à mardi matin.

C’est là que j’apprends que mon fils a chopé le Covid...il est jeune, mince, sportif, en très bonne santé, il va déjà mieux...il va guérir tout seul ...
Mais la réponse médicale d’état et de la plupart des médecins libéraux, qui sont pourtant censés soigner et prescrire en toute conscience et en toute liberté, est quand même terrible !
Rentrez et restez chez vous, prenez du paracétamol et rappelez si vous étouffez !
Ça ressemble furieusement à du refus de soin !
La mère s’inquiète, fait appel à ses ressources familiales, la citoyenne s’indigne.
J’ai du mal à comprendre...et à avaler, depuis le début !

Comme les nouvelles de mon fils sont de plus en plus rassurantes, je, nous, retrouvons notre plaisir d’être là, sur l’eau, au cœur d’un environnement sauvage, comme nous apprécions.

Du mardi 8 au mercredi 9 septembre

Mardi, après les activités du matin, nous levons l’ancre pour continuer notre pérégrination paresseuse.

Nous rebroussons chemin de quelques miles pour aller visiter le petit port de Platania.

Quand nous y arrivons, le quai est quasi plein...nous n’allons pas nous y mettre ! Nous jetons l’ancre le temps du déjeuner dans un mouillage très encombré de bateaux sur corps-morts.
La brise de la mi-journée se lève sans nous laisser le temps de finir de manger...nous relevons l’ancre et ramenons en prime un très gros grappin !
Platania, expérience non concluante !

Nous repartons plein Ouest et nous arrêtons dans une des très belles baies et plages qui festonnent cette rive Sud du Pélion. Nous passons l’après-midi et la nuit sous la pointe Vathi, seuls !

Sous le PĂ©lion et la pointe Vathi, une baie pour nous tout seuls

Mercredi après la chasse matinale du capitaine nous reprenons notre route pour le Golfe et l’îlot Palaio Trikéri.
Au passage devant le phare nous remontons deux bonites en même temps, une sur chaque canne ! Les deux leurres, différents, ont fonctionné !
Ce golfe est très poissonneux, c’est confirmé !

L’amarrage à Trikéri se passe très bien, je suis de plus en plus performante pour porter les aussières dans les arbres ! Cette fois-ci, j’ai fait la manœuvre à la nage !

Je me sens tellement bien à bord que, dans l’après-midi, je me suis même endormie dans le cokpit, éventée par une douce brise... Je n’ai plus du tout envie de rentrer !

Enfin, parfois, même sur l’eau les humains sont un peu sans gène ! A notre gauche nous avons un grand bateau en bois. Il reste fermé toute la journée. En début de soirée, les propriétaires reviennent. A peine à bord, ils mettent en marche leur générateur ! Nuage noir de fumée au démarrage ! Le pot d’échappement de ce vieux machin très bruyant, 40 centimètres au-dessus de l’eau, crache de notre côté...asphyxie garantie !
Cela faisait très longtemps qu’on n’avait pas eu droit à ce sketch ! Aujourd’hui, avec les panneaux solaires et les éoliennes dont pratiquement tous les bateaux sont équipés, plus personne ne fait tourner sa bourrique au mouillage pour recharger ses batteries de service !
Il a fallu que nous tombions du mauvais côté d’un survivant de cette époque lointaine...
Heureusement, ils sont très vite repartis...en éteignant tout !

Demain, nous devons faire les courses, nous irons Ă  la grande ville !