Mercredi 22 et jeudi 23 août : le passage du pont

9h, nous sommes prêts à poursuivre notre remontée du Golfe Sud d’Evia (Notios Evvoikos Kolpos), d’Erétria à Khalkis (ou Kalkida).
Une douzaine de miles à parcourir jusqu’à l’arrêt obligatoire à Khalkis.

A partir du Cap Avlis on navigue, plein Nord, dans la partie la plus étroite entre la côte Est de la Grèce continentale et la côte Ouest de l’île d’Evia (ou Eubée) en faisant attention aux sondes et aux récifs même si le chenal est balisé.
Au cap Pérama, au pied d’une immense cimenterie on bifurque vers l’ouest pour passer sous le pont suspendu et entrer dans la grande baie ronde du Port Sud de Khalkis.
Une fois arrivé là le mieux est d’aller mouiller sous le fort. Il y a beaucoup de place, les sondes sont de 8-10 mètres et le fond de vase est d’excellente tenue.
A 11h30, notre mouillage est terminé et notre annexe prête, nous pouvons rejoindre la rive pour procéder aux formalités et faire quelques courses. Le mouillage est de loin préférable à l’amarrage à quai qui peut s’avérer à la fois délicat et inconfortable à cause du fort courant dans le passage (nous l’avions testé à notre premier passage en 2015).
En effet, la ville de Khalkis s’étire sur les deux rives du chenal qui, à cet endroit précis, sont reliées par un pont mobile de 39,3 mètres. Ce pont, qui s’escamote sous la route, n’ouvre que la nuit pendant un quart d'heure pour le trafic maritime.
Les bateaux qui désirent passer le pont doivent s’acquitter d’une redevance et se signaler à la Police Portuaire.

A partir de 21h30 il vous faut veiller le canal 12. La Police Portuaire vous appelle une première fois, 1/4 d’heure avant l’ouverture du pont, pour vous permettre de vous préparer et une seconde fois pour vous donner le signal du franchissement.

L’heure d’ouverture du pont dépend de l’état de la marée. Il faut savoir qu’entre le Nord et le Sud une différence de hauteur d’eau de 80 centimètres génère un fort courant de marée. Les autorités portuaires font passer les bateaux plus ou moins à l’étale...donc jamais à la même heure !

Pour nous, cette fois-ci, le top départ est donné à 1h30 du matin, le jeudi 23 août.



Un vent de Nord de 15 nœuds s’est levé et nous naviguons encore pendant 5-6 miles pour trouver un relatif abri sous le Cap Mnima, côté Evia, histoire de prendre un peu de repos ! Mouiller de nuit dans un endroit qu’on ne connaît pas est toujours un peu angoissant, mais avec la carte, le traceur, 4 yeux attentifs et le sondeur nous arrivons à poser l’ancre et partons nous coucher.

Au réveil nous découvrons un environnement auquel nous ne nous attendions pas vraiment !

Dès après le petit déjeuner nous reprenons notre route, vers le Nord. Nous visons la grande baie d’Atalantis côté Grèce continentale, avec l'espoir d'y trouver un coin calme pour se reposer de notre trop courte nuit. Mais...des vagues courtes et désordonnées, un assez fort courant contraire, puis un vent de face devenant de plus en plus fort (25-30 nœuds) nous incitent à trouver refuge un peu plus tôt, sous le cap Larmes.

Notre guide nous signale d’ailleurs cette baie comme «la baie sans nom» ! En fait il n’a pas cherché ou pas trouvé son nom !
En revanche elle existe bel et bien. Très encombrée au Nord par une grande ferme aquacole, on peut y pénétrer par le Sud entre l’îlot qui la ferme et la fin des installations aquacoles. Le mouillage se fait sur fond de 8-10 mètres dans de la glaise collante. C’est un abri sur quasiment 360°.
On va pouvoir y dormir en toute sécurité ! Même si l’environnement n’est vraiment pas bucolique !
En effet, d’un côté, au Nord, les fermes aquacoles et l’industrie agro-alimentaire et de l’autre au Sud, au fond de la baie de Larimna, l’industrie lourde avec les cheminées de la fonderie de cupronickel qui crachent une fumée noire nuit et jour sans discontinuer. Heureusement que le vent du Nord souffle très fort !
Le bateau dans la crique sans nom
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Au sud Larimna et la fonderie qui fume
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Au nord, les installations aquacoles
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Nous sommes quand même, dans les deux cas, dans le très polluant !

C’est ici que j’apprends la naissance des jumeaux de ma filleule ! Deux beaux petits garçons !

Vendredi 24 août

Nous avons bien dormi et le vent souffle encore très fort. Malgré l’environnement nous décidons de rester 24 heures de plus dans la baie sans nom.

Petite promenade à terre, quelques photos et peut-être ai-je découvert le nom de notre baie. Elle pourrait s’appeler Ichtoutrophéia.

Samedi 25 août

Nous sommes bien reposés et le vent s’est calmé. A 8h15 nous sommes repartis.
Nous trouvons la mer sale, très polluée (plastics, gazole, mousses blanchâtres...) pleine de grosses méduses brunes.
Ces méduses, souvent appelées Oeufs au plat, sont des Cotylorhiza tuberculatanus. Elles sont bien des méduses de Méditerranée mais leur concentration dans ce golfe est impressionnante. Et, même si elles ne sont pas réputées dangereuses pour l’homme car elles ne sont que très peu ou pas du tout urticantes, leur présence massive vous ôte toute envie de vous baigner !
Les méduses brunes
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Lorsque nous arrivons à Atalantis, entre fermes aquacoles et méduses, rien ne nous attire ! Nous faisons la pause déjeuner entre Nisis Atalantis et Skala Atalantis et repartons vers le Nord avec l’envie de se retrouver au plus vite dans une mer moins fermée et un environnement plus bucolique !

Une fois passé le chenal entre le cap Kinaion ou Lithada (extrémité Nord Ouest d’Evia) et les îles Likhades nous remontons au prés serré le chenal Oreon vers le Nord Est et mouillons à 18h30 dans la très jolie anse de Vathikélon .
C’est une anse toute ronde où nous avions déjà fait escale au printemps 2015. Dans le coin Nord Est, quelques barques, un offertoire, des oliviers jusque sur la plage, personne, si ce n’est trois pêcheurs à pied : c’est un endroit qui nous plaît. C’est très profond presque jusqu’au bord. Je porte une amarre à terre : manœuvre réussie ! Je suis très fière car c’est un exercice que je n’aime pas !

Dimanche 26 et lundi 27 août

Nous retrouvons nos marques.
Jean-Claude part chasser, je m’attaque à un grand nettoyage du bateau...

Le capitaine revient avec les poissons du déjeuner et, dimanche à 11h30, nous quittons Vathikelon dans un bateau tout propre !

Nous déjeunons en mer d’un délicieux loup portion chacun.

Passé le cap Stavros nous entrons dans la grande baie Ptelou, immédiatement à l’Ouest de l’entrée du Golfe de Volos.

Nous tentons un mouillage devant les plages et le petit port de Pigadhi, mais c’est à la fois très profond et encombré de corps morts...d’ailleurs nous remontons une grosse ancre égarée. L’instrument «croissant turc» se révèle très efficace pour nous libérer rapidement de cette entrave.

Finalement nous faisons à peine 800 mètres et mouillons dans la baie Loutro, de l’autre côte, à l’Ouest de la tour Achilles.

7-8 mètres de fond devant les oliviers : c’est parfait !
Le mouillage sous la tour Achilles
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La nuit est douce et calme !

Lundi matin : Jean-Claude part chasser et je nettoie la ligne de flottaison ! Les jours se suivent et se ressemblent parfois !
Vers 10h nous abordons à la plage avec l’annexe et partons faire un tour à pied jusqu’au village de Pigadhi. Une jolie piste au milieu des oliviers nous y conduit.

Le village est tout petit, des tavernes en front de mer, une épicerie un peu en retrait où il ne faut pas espérer trouver fruits et légumes frais. Mais nous nous trouvons sur place au moment où les marchands ambulants (la boulangère et les primeurs) passent avec leur camionnettes. Finalement, nous revenons avec un beau sac de vivres !
Le petit port de Pigadhi
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De retour au bateau nous essayons l’anse immédiatement à côté, car des orages et du vent sont annoncés !
Elle semble mieux protégée mais elle est difficile à utiliser car elle est très profonde...alors retour à la case départ où nous subissons l’orage en toute tranquillité pendant que le chef fait de la confiture de pêche avec les fruits achetés le matin et que j’écris ce billet !

Demain ? Et bien je ne sais pas ...