Samedi 12 mai 2012

5h du matin, la montre sonne et l’équipière sort de son lit les jambes flageolantes, les yeux tout tirés et tout fripés, avec la migraine qui lui serre les tempes... Le capitaine hésite à la trimbaler dans cet état. Finalement un repos de 24 heures est décrété.

C'est là qu'on s'aperçoit qu'à la reprise du bateau, il faut remettre en route non seulement les circuits hydrauliques, mécaniques, électroniques... du navire mais aussi les circuits physiologiques de l'équipage.

Décalage horaire, grande chaleur, activité intense de préparation et voilà l'équipière, plutôt solide d'habitude, qui chancelle !

Du coup repos, antalgiques, hydratation maximum, boire beaucoup et se tremper dans l'eau souvent et progressivement, je refais surface. Merci capitaine, je crois que je n'aurais pas aimé me faire secouer si peu que ce soit.

Incidemment, ce contre-temps nous permet de faire notre clearence out, les formalités de sortie de la Martinique, car ce samedi ensoleillé (ça y est le soleil est revenu!) P'ti Bateau est ouvert. Confirmation par les charmantes du bar: « la saison est morte ! » Alors, qu'on se le dise, avis aux navigateurs, à partir de la mi-mai son ouverture est aléatoire et donc, aléatoires également, les services qui y sont associés.

Et puis, à la tombée de la nuit, Jean-Claude attrape sa dernière carangue à la sautiquette. C'est la dernière car au dessus de la Martinique elles sont réputées peu sûres au regard de la ciguaterra.

Dimanche 13 mai 2012

5H40 : nous quittons Grande Anse. Le vent est d'Est, autour de 15 nœuds, Doug Le porte toute sa toile. Dans le canal de la Dominique il faut réduire un peu. Avec 3 tours dans le génois et 3 tours dans la grand voile, plus l'artimon, nous avançons à 6-7 nœuds. Les conditions de navigation sont idéales, mais c'est le retour et un rien de nostalgie nous étreint...

Une fois passée la Point Cachacrou, à l'abri de la Dominique, le vent et les vagues décroissent puis disparaissent. Il faut mettre le moteur pour les 18 derniers miles.

A 17h30, le mouillage est terminé devant la plage de Rupert Bay.

Nous nous apprêtons à passer une bonne nuit dans cette baie bien abritée des vents d'Est...hélas c'est sans compter avec le barbecue du dimanche soir sur la plage et la musique « de sauvage » jusqu'à 1h du matin. Je précise : ce sont les basses amplifiées qui sont « sauvages » pas la musique des caraïbes !

Lundi 14 mai 2012

6h30 : l'ancre est levée, direction Deshaies au nord ouest de la Guadeloupe.

7h10 : arrêt du moteur, nous naviguons sous génois et artimon.

8h45 : la grand voile est déroulée.

11h20 : le long de la côte sous le vent de la Guadeloupe, à hauteur de Basse Terre, plus de vent, moteur.

11h30 : nous avons un petit creux...déjeuner.

12 h : départ de canne (forcément au milieu du repas !). C'est une belle coryphène, elle a mordu au « poper ». C'est un appât de type calamar qui fait du bruit, pop, pop, pop d'où son nom et qui marche ! La preuve : 2ème essai, 2ème coryphène  !

La voilà
coryphène du canal de la guadeloupe

12h 30  : la coryphène est vidée et amarrée sur la plate forme. Ses mensurations : 9kg vidée, 1,35m. Voilà, c'est la taille qui nous convient !

12h50 : remis la voile

13h20 : moteur

15h : mouillage terminé à Deshaies.

Il y a des jours où je tiens le journal de bord presque méticuleusement.



La coryphène est démontée, en partie mise en bocaux, bref la routine... nous pouvons aller faire un tour à terre.
Nature morte
coryphène démontée



Ce n'est pas sans un petit pincement, un rien de spleen, que nous débarquons dans le si joli village de Deshaies histoire d'acheter quelques tomates et une connexion internet...nous partons...nous rentrons... D'ailleurs le village est en ébullition, autour du tournage d'un film dont le titre est quelque chose comme « Deuxième saison au paradis ! » La notre, « deuxième  saison », s'achève.

Mardi 15 mai 2012

A 6h 50 nous quittons Deshaies.

Cap sur Antigua, nous visons la côte ouest, Jolly Harbour. Le vent est d'Est, nous portons presque toute la toile, artimon et grand voile haute, trois tours dans le génois et avançons à 6-7 nœuds. Doug Le passe les vagues comme un chef.
Arrivée sur Antigua belles couleurs
Arrivée sur Antigua

A 14h, nous mouillons dans Five Islands Harbour, juste au dessus de Jolly Harbour. Comme les deux fois précédentes nous sommes le seul bateau devant la plage du joli complexe hôtelier dont le free Wifi nous permet de connaître le nom de notre nouveau premier ministre.

Après une bonne sieste et un repas solide nous appareillons pour Saint-Barth. Le vent est favorable (à peine de l'arrière), 74 miles jusqu'à Gustavia, 80 jusqu'à la Fourchue, nous devrions pouvoir y prendre le petit-déjeuner.

19h45 : c'est parti pour une navigation nocturne. Ça souffle à 25 nœuds. Foc roulé + artimon, Doug Le déboule à 7 nœuds toute la nuit. Nous essuyons deux beaux grains orageux avec grosse pluie chaude et beaux éclairs, de quoi nous mouiller chacun notre tour ! Les vagues nous chahutent un peu mais...qu'est ce que ça avance !

Mercredi 16 mai 2012

7h45 : nous sommes à la bouée à La Fourchue. 7 nœuds de moyenne ! Ça nous va ! A La Fourchue : petit-déjeuner, petit somme, baignade. A 10h50 nous lâchons la bouée pour Saint-Martin et à 14h30 nous sommes au mouillage dans la baie de Marigot.

Alors qu'il n'y avait plus un bateau devant Gustavia, Philisburg ou Simpson bay...Marigot est plein !

Les hirondelles seraient-elles entrain de se rassembler avant la grande migration ?

Nous faisons la connaissance d'un nouveau propriétaire de Maramu, 4 mois qu'il y bosse pour le remettre en état. Il vient prendre des renseignements sur le Sharki. C'est un navigateur américano-turc qui nous donne son adresse électronique pour nous fournir tous les renseignements dont nous aurions besoin lorsque nous naviguerons là-bas chez lui en Méditerranée orientale. Sympathique rencontre.

A propos, si vous voulez acquérir un Maramu, Eos, celui de nos amis Jef et Alex est à vendre. Il est magnifique. Il sera bientôt en méditerranée. Là, il vient juste de partir de Saint-Martin pour les Açores ! Nous les suivrons bientôt.

Jeudi 17 mai 2012

Belle nuit réparatrice pour tous les deux. La remontée vers Saint-Martin s'est réalisée dans un bon compromis rapidité-confort et dans notre émerveillement renouvelé au spectacle des beautés simples de la mer : les myriades de poissons volants qui décollent autour du bateau, les dauphins venus jouer à l'étrave à l'arrivée à Rupert Bay, le dos et la queue noirs d'un globicéphale dans le canal d'Antigua et les gerbes phosphorescentes des vagues la nuit.

La préparation du bateau va débuter.

Nous avons fait plein de listes :

  • ce qu'il faut acheter
  • pour l'entretien du bateau
  • pour l'entretien de l'équipage (les vivres)
  • « tout » ce qu'il faut faire avant de partir...

Aujourd'hui, Jean-Claude est parti en annexe du côté hollandais chez IWW (Island Water World, vous savez LE shipchandler de la Caraïbe)...c'est fermé ! Holyday ! Nous sommes complètement décalés, évidemment, c'est jeudi de l'Ascension, férié, même chez nous ! Les achats, ce sera pour demain.

Alors, le capitaine s'attaque au moteur (les vidanges) et au gazole (les pompes sont toujours ouvertes) !

A partir de maintenant je vais tenir les minutes de la préparation technique jusqu'au moment du départ. Je ne suis pas certaine que cela fera un billet très passionnant, mais ça fait partie de la vie des voyageurs au long cours !