D'abord je ne peux que redire le plaisir que nous avons à recevoir et lire vos commentaires tout plein de gentillesse et d'encouragements ! Le plaisir de retrouver « des amis du blog », silencieux quelques temps et qui font de nouveau signe, un grand salut à Marie-No, à Françoise et Jean-Louis ! Le plaisir de croiser, sur l'eau, « en live » l'équipage de Yératel, Georges et Vali. Le plaisir d'échanger avec Matthieu et Dominique sur la motorisation du Sharki, l'intérêt plus que relatif des bouées d'amarrage qui envahissent nos rivages et les bonnes adresses gourmandes en Martinique. C'est sûr, nous irons tester le restaurant de la Baie à notre prochain passage à Fort de France. Le plaisir et la fierté de constater que ma maman de 80 ans, tout récemment équipée d'un ordinateur, commente quasiment chaque billet. Le plaisir des petits mots de Danièle et Jean-Charles fidèles d'entre les fidèles, d'Yves et Geneviève avec qui nous avons déjà tant partagé et de tous les signes de nos proches, parents, enfants, petits enfants, frère, sœur, filleule !

Je m'aperçois aussi que nous sommes probablement les seuls à les lire tous, sans doute à cause des délais de publication. En effet, entre un billet posté et la publication des commentaires qu'il suscite plusieurs jours, voire parfois une pleine semaine, se sont écoulés.

Alors, comme nous prenons le temps de lanterner sous le vent de la Martinique, j'en profite pour vous dire à tous un grand merci.

Pour répondre aux questions de Jean-Marie (commentaire du 1er février au billet du 28 janvier 2012) sur l'atterrissage dans des lieux mal pavés que nous ne connaissons pas , la plume est au capitaine.

Comment fait-on pour naviguer dans des endroits où la navigation est réputée délicate par la présence de hauts fonds et de bancs de corail et où, de plus, les cartes sont souvent fausses ? Une solution consiste à acheter un dériveur intégral en alu ou en acier et à mettre un équipier dans le balcon avant qui hurle quand ça va toucher... Ce n'est pas la voie que nous avons choisie. On peut aussi se contenter de pointer sur les grandes baies balisées, avec plein de bateaux, et viser au milieu. Ce n'est pas ce que nous préférons. La méthode traditionnelle consiste à tracer des alignements sur la carte papier à partir d'amers remarquables et à les suivre. Elle a fait ses preuves ; et si la carte papier est suffisamment précise ça marche, même si ses références géodésiques sont inexactes. Encore faut-il qu'il y ait des amers remarquables ; sur les îles plates entourées de barrières de corail à fleur d'eau comme Barbuda ou Anégada, ce n'est pas évident. Je vais faire hurler les puristes mais ce n'est pas non plus comme ça qu'on navigue le plus souvent. Je n'utilise quasiment plus jamais ma règle Crass...et seulement de temps en temps le compas de relèvement intégré aux jumelles. Je n'utilise plus que l'ordinateur, les cartes vectorielles CM 93 et le logiciel libre Open CPN. Evidemment, on ne peut pas suivre simplement et aveuglément la carte sur l'ordinateur en fonction des données du GPS car on se trouverait souvent “au sec”. En effet, le GPS est actuellement un outil d'une précision parfaite mais le problème vient de l'imprécision du référencement géodésique des cartes. Qu'elles soient papier ou électroniques ne change rien au problème, ce sont les bases de données cartographiques qui sont imprécises. Autrement dit, le bateau est bien là où le dit le GPS, mais le caillou, le banc de corail ou même l'île sont parfois à plusieurs dizaines voire centaines de mètres de leur emplacement sur la carte. L'exemple extrême que nous avons rencontré : Redonda, petite île perdue au large d'Antigua est à près d'un mile de son emplacement sur les cartes, y compris les plus récentes. De telles erreurs sont rares, mais des écarts de quelques dizaines à une centaine de mètres sont fréquents, rendant impossible l'utilisation directe des cartes pour embouquer les “passes” utilisées par les locaux. L'explication en est que les relevés datent pour beaucoup de la fin du XIX ème siècle. Donc, se fier directement et aveuglément à son GPS lecteur de carte comporte des risques trop importants lorsqu'il est utilisé tel quel. Il faut au préalable réajuster les cartes de détail sur leur positionnement géographique à quelques mètres près. Pour ce faire, nous utilisons la cartophotographie satellite Google Earth dont la précision du géoréférencement est de l'ordre de 15cm. Evidemment, il faut une connexion internet, c'est un travail de préparation qui se fait à la maison. Le principe consiste en l'utilisation par "fusion transparence" des informations de la carte marine en les calant sur le positionnement rigoureusement exact de la photo satellite. Schématiquement il faut faire une copie d'écran de la photo satellite de chaque lieu (port, baie, barrière de corail etc.) que l'on veut visiter grâce à un logiciel spécifique, puis superposer cette image à la carte marine avec les mêmes points de coordonnées aux 4 coins de l'écran avec un autre logiciel. On voit immédiatement si la carte est "juste" du point de vue de son positionnement géographique. Si ce n'est pas le cas, on peut alors faire glisser la carte de détail pour que le trait de côte, les îlots, les récifs, etc. soient exactement à leur place et se superposent exactement à leur image satellite. Cela permet aussi de voir si la côte a été modifiée, par exemple, par la construction d'un port ou la modification d'une digue. Cette première étape de vérification ou de rectification de la carte de détail étant faite, on peut tracer une route très précise qui zig zague entre les hauts fonds en fonction du tirant d'eau du bateau. Il reste ensuite à vérifier sur l'image Google Earth à un fort grossissement que, sur ce tracé, il n'y a aucune tâche sombre pouvant signifier une patate de corail "oubliée" par les cartographes. J'ai ainsi, avant de partir, préparé quasiment tous les mouillages possibles depuis Grenade jusqu'au BVI. Lorsque nous sommes en situation d'aterrissage à travers la barrière de corail, j'ai un oeil sur l'écran de l'ordinateur pour suivre le tracé prévu et vérifier que les données du sondeur coïncident en permanence avec celles de la carte, pendant qu'Annick, debout, lunettes polarisantes sur les yeux, contrôle que l'environnement est conforme à ce que je vois sur la carte et réciproquement : "on longe un banc de sable à droite à 50m" "caye en face à 100m" etc. Jusqu'à présent, nous n'avons jamais eu de mauvaises surprises, il n'y a jamais eu de divergences entre “la carte et le territoire” et nous avons pu rentrer facilement dans des mouillages splendides et isolés que nous n'aurions sans cela jamais osé approcher. Pour ceux que ça intéresse, vous trouverez les logiciels et les didacticiels pour effectuer des cartes par "fusion-transparence" sur l'excellent site “Pratiques et techniques de la plaisance:

  • adresse du site : www.plaisance-pratique.com/
  • adresse spécifique de l'article dans le site : http://www.plaisance-pratique.com/g2kap-1-2-remedier-a-l-imprecision


Et je reprends la main pour répondre au commentaire d'Alain (commentaire du 25 janvier au billet du 16 janvier 2012) concernant le positionnement de la canne du capitaine lorsqu'il pêche...

J'avais pensé qu'Yves, témoin oculaire et reporter photo de la prise du listao, ou encore Jean-Charles avec qui nous avons partagé tant de parties de pêche fructueuses, auraient réagi...mais sans doute ne lisent-ils pas tous les commentaires ! Comme Jean-Claude remonte tous les gros poissons en se servant d'un baudrier porte-canne...il n'a guère le choix d'une position exotique et non conventionnelle! Quant à moi...je n'ai jamais constaté un défaut de positionnement de la gaule de mon capitaine!

A bientôt pour un petit billet spécial, littéraire peut-être, car le cockpit-cabinet de lecture est ouvert tous les jours!

C'est grâce à vous que je suis assidue en écriture !