Mercredi 1er et jeudi 2 février 2012

Les niveaux moteur sont vérifiés, la soupe est prête pour trois jours, les crêpes sont faites, tout est (en principe) rangé, calé, nous sommes parés pour une navigation qui devrait être sportive, au près dans les vagues ! Nous visons Deshaies en Guadeloupe et notre route longe Saba, Statia et St Kitts où il n'est pas improbable que nous fassions une petite halte. Saint-Kitts est à 120 miles au 130.

A 13h45 nous levons l'ancre, nous faisons un dernier tour au ralenti dans le North Sound pour prendre une dernière météo sur internet et à 14h 20 nous embouquons le chenal : c'est parti !

Nous naviguons grand-voile au premier ris, bordée plat, plat, plat en nous appuyant au moteur entre 1400 et 2000 tours. A la voile seule, à 35° du vent, dans une mer de face plus que formée, ça ne passe pas ou alors au prix d'une dérive trop importante.

La nuit sera longue : la mer est désordonnée, hachée, irrégulière, les vagues de face sont puissantes et éclatent contre la coque.

Nous longeons Saba par le nord, un joli nom de reine pour cette toute petite île.

Saba

Lorsque le jour est levé nous constatons qu'une latte de grand-voile tente de s'échapper mais surtout que l'annexe, que nous arrimons sur la plage avant, sous les coups de boutoirs des vagues a rompu une de ses amarres. En fait, elle a glissé vers l'arrière venant frapper puis arracher la manivelle et le système mécanique qui permet de rouler, dérouler la grand-voile.

Heureusement nous sommes en train de longer la côte sous le vent de Statia, nous nous en approchons pour nous mettre à l'abri des vagues le temps de rouler la voile avec un mécanisme de fortune à base de gros tournevis pliant. Provisoirement, elle va rester rangée dans le mât jusqu'à ce que le système d'enroulement soit réparé, sans doute chez Amel au Marin.

Quelques minutes avant 13h nous mouillons dans White Bay, au sud de Saint-Kitts. Comme nous y sommes passés l'an dernier nous savons que l'abri est très sûr et peu fréquenté.

La soupe est la bienvenue !

Le capitaine décide d'y passer l'après-midi et le début de nuit : départ prévu le lendemain matin à 3h pour Deshaies en Guadeloupe.

Vendredi 3 février 2012

3h15 : l'ancre est levée. Les vagues sont moins beaucoup moins méchantes mais le vent ne s'est pas orienté plus favorablement...d'autant que sans grand-voile, juste avec génois et artimon, le près serré ça ne marche pas.

Mais le bateau avance bien, le Yanmar assure. Nous passons Monserrat qui fume toujours autant. Cette île est en permanence ennuagée et empuantie par le crachat soufré du volcan.

monserrat

Enfin, à 16h nous mouillons à Deshaies. C'est un vrai plaisir d'être arrivés, de retrouver cette anse paisible et la jolie bourgade de Deshaies, d'acquérir une connexion internet et de rassurer tout le monde.

Pour les navigateurs naviguant dans ces eaux turquoises : le retour des BVI vers Saint-Martin (encore plus défavorable) ou Saint Kitts ou bien Gwada sera toujours rude si les alizés sont bien établis (sauf s'ils ont beaucoup de nord dans leur est!) alors stratégiquement c'est un plan à éviter ! Depuis les BVI c'est plutôt Porto Rico, Cuba ou les Bahamas qu'il faut viser !

Mais bon, ça se fait quand même, la preuve !

Samedi 4 février 2012

Après une nuit calme où nous avons dormi d'une traite, un peu de communication, le blog, les mails, le téléphone, nous partons pour les Saintes.

A 15h, dans le canal des Saintes, évidemment là où ça chahute, un beau départ de canne ! C'est une coryphène  : du travail pour la ramener à bord et encore du travail en perspective à l'arrivée pour la préparer et en mettre une partie en conserves.

coryphène du canal des Saintes

A 16h, nous entrons dans la baie des Saintes. Nous désirions mouiller contre l'îlot Cabrit où nous avions passé de si bons moments l'an dernier. On nous avait prévenu, attention, aux Saintes, les choses ont changé, on ne peut plus mouiller sur ancre, il y a des bouées partout !

Et c'est vrai ! A l'îlot Cabrit elles sont toutes prises. Le capitaine est furieux. En effet, l'intérêt des bouées et surtout de l'interdiction de mouiller ne saute pas aux yeux. Aux BVI ou à Saint-Barth par exemple, on a toujours le droit de mouiller à l'arrière des zones de bouées. Nous nous approchons des bouées du Bourg. A cette heure-là il n'en reste que trois, les plus extérieures et les plus exposées à la houle. Nous n'avons plus le choix, nous en prenons une quand même que nous paierons 9,50 euros pour un bateau de moins de 12 mètres. La houle de nord-est qui entre nous y secouera toute la nuit ! Nous ne risquons pas de nous attarder ni de revenir aux Saintes dans ces conditions.

Ajout du capitaine : Quand on pense que ces bouées ont sans doute été financées sur subventions « d'aide au développement touristique » ou autre formule pour dire « nos impôts », on se prend à rêver que les indépendantistes de toutes nos îles aient gain de cause. Et surtout pas « d'autonomie » qui revient seulement à décider « démocratiquement » dans quelles poches vont atterrir les subventions !

Dimanche 5 février 2012

8h20, nous lâchons la bouée et visons Prince Rupert Bay au Nord de la Dominique. En passant devant la baie du Pain de Sucre, en face de l'îlot Cabrit nous réalisons que les bateaux y sont au mouillage...peut-être subsiste-t-il une possibilité sympa aux Saintes...à voir...

Aujourd'hui, les vagues ne sont plus de face, la houle est passée Nord Est. Nous naviguons presque confortablement à la voile à 45° du vent apparent, bien qu'il souffle toujours à plus de 20 nœuds, génois roulé à un ris plus artimon. Plus que la force du vent c'est l'état de la mer et la direction des vagues qui rendent les conditions de navigation difficiles ou agréables.

Nous jetons l'ancre à Rupert Bay à 12h30.

Une bonne matinée de voile !