Samedi 30 et dimanche 31 octobre 2010

La météo reste défavorable sur le trajet vers les Canaries…on en profite pour faire un peu de tourisme, se reposer, refaire le plein de produits frais.

MohammĂ©dia – Casablanca : 45 kilomètres. Il aurait Ă©tĂ© dommage de s’abstenir d’un petit saut en taxi jusqu’à Casa. C’est une très grande ville moderne, en pleine expansion, qui pourrait sembler de peu d’intĂ©rĂŞt, mais la mosquĂ©e Hassan II vaut le dĂ©tour. Cette construction rĂ©cente (travaux achevĂ©s en 1993), un peu mĂ©galo est une splendeur. Bâtie en partie sur la mer elle est devenue avec son minaret le plus haut du monde (200mètres) un amer plus que remarquable pour tous les marins qui croisent le long de la cĂ´te marocaine. Et puis, la dĂ©gustation d’un tajine, cuit sur la braise dans le quartier traditionnel des marchands, le quartier des Habous, contribuera largement Ă  faire du dĂ©placement Ă  Casablanca, le samedi 30 octobre, un moment très agrĂ©able.

Le dimanche 31 octobre, le vent souffle fort et les grains passent. Ils rincent abondamment le bateau. Nous bricolons, faisons les courses, envoyons nos messages à tous…car nous partons le lendemain pour 4 jours de mer. Nous embarquons des fruits de saison…qui deviennent progressivement exotiques, des clémentines, des oranges, des grenades et des ananas et bien sûr une réserve de pâtisseries marocaines en gourmands impénitents que nous sommes.

Lundi 1er novembre 2010

10h30 (heure locale qui se trouve ĂŞtre Ă©galement UTC) : nous partons pour les Canaries et visons l’île Graciosa tout au Nord de l’archipel. Le vent est favorable, pas très fort, de Nord 10 nĹ“uds, la houle est encore très belle… La mĂ©tĂ©o sur Passage Weather donne une hauteur d’eau moyenne de 5 Ă  6 mètres. A la sortie de la jetĂ©e, les mĂ©diterranĂ©ens que nous sommes sont vraiment impressionnĂ©s. C’est la première fois que nous sommes confrontĂ©s Ă  des vagues d’une telle hauteur. Les plus hautes ne doivent pas ĂŞtre loin de 10m. Le bateau monte, monte, monte pendant 5 secondes puis redescend pendant 5 secondes…au dĂ©but on retient un peu son souffle lorsque l’on est sur la crĂŞte, mais finalement ça passe tout seul, enfin, jusqu’à un certain point. Les premières 24 heures nous naviguons Ă  la voile, tout dessus (nous rĂ©duisons juste un peu de grand voile Ă  la nuit tombĂ©e). La première nuit se dĂ©roule tranquille.

Mardi 2 novembre 2010

6h30 : nous tangonnons le foc, l’allure devient plus confortable. Le vent monte progressivement. 13h30 : le bateau avance Ă  7 – 7,5 nĹ“uds, fait des pointes Ă  8, 9, 10 nĹ“uds et …le tangon explose. Nous Ă©tions trop gourmands, trop toilĂ©s. Nous ne cassons rien d’autre et finalement après avoir rĂ©cupĂ©rĂ© de nos Ă©motions nous grĂ©ons notre deuxième tangon mais avec moins de toile cette fois. 18h : le vent monte encore (30 nĹ“uds rĂ©guliers) les vagues se dĂ©sorganisent et …le vieux moteur du pilote grogne dĂ©sespĂ©rĂ©ment. Il ne veut plus travailler ! Le capitaine prend la barre, nous amenons encore de la toile mais dans cette configuration le bateau est difficile Ă  mener. Dans les creux de la grande houle de NW, le bateau est dĂ©ventĂ©, si Ă  ce moment une vague du vent de NE, plus petite mais beaucoup plus sèche vient frapper l’arrière, le bateau pivote et perd son cap. Le pilote a du mal Ă  rattraper la situation. Il ne veut plus faire route… Le capitaine dĂ©cide de le laisser faire et nous nous reposons, quasiment Ă  la cape une partie de la nuit. Au bout du compte, avec très très peu de foc et un appui moteur au ralenti pour rester manoeuvrant dans les creux, nous reprenons notre cap et progressons, pas très vite, mais progressons plus confortablement. La deuxième nuit fut rude. L’ocĂ©an n’est pas vraiment un long fleuve tranquille ! Et, bien que la mer soit la rĂ©fĂ©rence universelle 0 pour les calculs d’altitude,…elle n’est pas vraiment plate !

Les vagues


Mercredi 3 novembre 2010

Le vent faiblit, très progressivement, les vagues aussi (encore plus progressivement peut-ĂŞtre !), il s’oriente un peu plus Est et nous pouvons trouver un rĂ©glage de voiles adaptĂ© Ă  la situation : gĂ©nois au premier ris et artimon.

Dans cette configuration nous naviguerons sans trop de fatigue toute la nuit et une bonne partie du lendemain.

La troisième nuit se déroule tranquille. L’équipage récupère.

Jeudi 4 novembre 2010

Toujours du vent 15-20 nœuds qui tourne Est-Sud-Est, et nous permet de progresser à 6 nœuds vers Graciosa. La grand voile remplace désormais l’artimon.

Vers 15h , une communication téléphonique avec le bateau ami, un Sun Légende, plus rapide que nous, nous permet d’anticiper sur d’éventuelles rafales un peu fortes dans le canal entre Lanzarote et Graciosa et de viser le mouillage côté Lanzarote.

arrivée à Graciosa



En effet, nous essuyons quelques rafales à 30 et mouillons 40 mètres de chaîne, dans 5 mètres d’eau. L’ancre croche dans du sable compact de très bonne tenue à 15h30.


le mouillage côté Lanzarote


Nous sommes aux Canaries ! Un peu fatiguĂ©s, mais pas trop ! Très heureux. Nous avons parcourus 440 miles depuis MohammĂ©dia en 77 heures : 5,7 nĹ“uds de moyenne.

Graciosa est une toute petite île, au nord de Lanzarote, l’île la plus nord de l’archipel. Son petit port est loué par tous les marins qui laissent des traces et des commentaires sur le net. Le mouillage, est considéré comme LE mouillage des Canaries.


couleurs du soir sur les Canaries



A partir de là nous allons découvrir l’archipel, prendre notre temps, déguster.

La grande traversée vers les Antilles n’est pas prévue avant début janvier.

Il est Ă©galement temps de faire un premier bilan.